Apophtegmes sur abba Macaire le Grand traduits du copte





Macaire copte 1.

Abba Macaire parla une fois de lui-même, disant : "Lorsque j'étais jeune homme, je demeurais comme un moine en Egypte. On me prit et on m'ordonna prêtre pour le village, et, comme je ne voulais pas prendre sur moi une telle responsabilité, je m'enfuis en un autre lieu. Un homme craignant Dieu vint à moi, il prit mon travail manuel, il me servit. Il arriva que, par suite d'une tentation, une jeune fille du village devint enceinte, et lorsqu'on lui demanda : "Qui t'a fait cela ?", elle répondit : "C'est l'ermite." Et lorsqu'ils furent sortis (du village), ils me saisirent, ils m'emmenèrent au village ; on me suspendit au cou des casseroles pleines de suie avec des cordelettes, on me fit faire le tour du village et l'on me frappait en chaque rue, disant : "Ce moine a violé notre fille." Peu s'en fallut qu'ils ne me frappassent jusqu'à la mort. Un vieillard étant venu, il leur dit : "Jusqu'à quand tuez- vous le moine ?" Celui qui me servait marchait derrière moi avec honte. On lui faisait une foule de reproches, en disant : "Voici l'ermite dont tu rendais témoignage ! Et qu'a-t-il fait ?"

Et ses parents disaient : "Nous ne le lâcherons pas jusqu'à ce qu'il ait donné caution pour la nourrir." Je parlai à celui qui me servait : il se porta garant pour moi ; et, lorsque je fus arrivé à ma cellule, les corbeilles que j'avais, je les lui donnai en disant : "Vends-les, donne-les à ma femme, afin qu'elle mange." Et je me disais en moi-même : "Macaire, voici que tu as pris femme ; il faut que tu travailles un peu plus, afin que tu la nourrisses." Et je travaillais nuit et jour, lui envoyant ce que je gagnais. Mais lorsque pour la malheureuse arriva le temps d'enfanter, lorsqu'elle eut longtemps les douleurs, elle n'enfanta pas. On lui dit : "Qu'est-ce que cela signifie ?" Elle dit : "J'en connais la cause, car j'ai fait violence à l'ermite, je l'ai calomnié faussement ; ce n'est pas son œuvre, mais tel jeune homme m'a mise enceinte." Et lorsque celui qui me servait fut venu à moi en se réjouissant, il me dit : "La jeune fille n'a pu enfanter avant d'avoir avoué en disant : "Ce n'est pas l'œuvre de l'ermite ; mais j'ai menti à son sujet." Voici que tout le village veut venir avec gloire pour te faire repentante." Et moi, lorsque j'eus entendu cela, afin que les hommes ne me fassent pas souffrir, je me levai, je m'enfuis, je vins ici à Scété. Tel est le commencement de l'œuvre pure pour laquelle je suis venu ici."

Macaire copte 2.

Quelques vieillards interrogèrent abba Macaire l'Égyptien, disant : "Que tu manges, ou que tu jeûnes, ton corps se dessèche." Le vieillard leur dit : "L'arbre dont on jette en pure perte les branches au feu, le feu le dévore sans cesse ; ainsi, si l'homme purifie son cœur dans la crainte de Dieu, la crainte de Dieu dévore ses os."

Macaire copte 3.

Abba Paphnouti, le disciple d'abba Macaire, dit : "Le vieillard a dit : "Lorsque j'étais enfant, je gardai des vaches avec quelques autres garçons ; ils allèrent pour cueillir des concombres, et l'un d'eux étant tombé derrière eux, je le pris et je le mangeai. Lorsque je m'en souviens, maintenant encore, je pleure."


Macaire copte 4.

Abba Poemen fit une foule de métanies à abba Macaire, en disant : "Dis-moi une parole." Et, lorsque le vieillard lui répondit, il lui dit : "Ce que tu cherches est passé maintenant parmi les moines."

Macaire copte 5.

On rapporte d'abba Macaire l'Égyptien que, s'il se rencontrait avec des frères qui mangeaient, il s'était imposé cette règle que, s'il y avait du vin, en remplacement d'une coupe, il passait un jour sans boire d'eau. Mais eux, les frères, à cause du repos, ils lui donnaient du vin ; le vieillard le recevait avec joie, afin de se mortifier lui seul. Mais son disciple, qui savait la chose, leur dit : "Pour Dieu, ne lui donnez pas de vin ; ne lui suffit-il pas de se châtier dans sa cellule ?" Et lorsque les frères surent la chose, ils ne lui en donnèrent plus.

Macaire copte 6.

Un jour qu'Abba Macaire se rendait de l'oued à sa cellule, portant des palmes, le diable le rencontra sur le chemin avec une faux, il cherchait à la lever et ne pouvait pas. Il lui dit : "ta violence ! Macaire, je ne peux rien contre toi, voici ce que tu fais, je le fais aussi : tu jeûnes, et moi je ne mange pas du tout ; tu veilles, et moi, je ne dors pas du tout ; il n'y a qu'une chose par laquelle tu l'emportes sur moi." Abba Macaire lui dit : "Qu'est-ce ?" Il lui dit : "C'est ton humilité. A cause de ton humilité, je ne peux rien contre toi." Et lorsqu'il eut étendu ses mains, le diable disparut.

Macaire copte 7.

On rapporte d'abba Macaire qu'ayant entendu dire de lui qu'il faisait de grandes vertus et des grâces de guérison par Notre- Seigneur Jésus le Christ, Agathonicus, l'éparque d'Antioche, lui envoya sa fille en laquelle était un esprit impur, afin qu'il priât sur elle. Et, par la grâce de Dieu qui était en lui, lorsqu'il eut prié sur elle, elle fut guérie sur-le-champ et il l'envoya en paix vers ses parents. Lorsque son père et sa mère eurent vu la guérison que le Christ avait faite avec leur fille par les prières et les oraisons du saint vieillard abba Macaire, ils rendirent gloire à Notre-Seigneur Jésus le Christ.

Macaire copte 8.

Abba Pidjimi dit : "Le disciple d'abba Macaire me fit ce récit, disant : "Le vieillard m'a dit une fois : Comme j'étais assis en ma demeure à Scété, deux jeunes garçons étrangers vinrent à moi ; l'un avait de la barbe, l'autre que quelques poils au menton. Et ils vinrent me trouver, disant : Où est la cellule d'abba Macaire ? Je leur dis : Que lui voulez-vous ? Ils me dirent : Ayant entendu parler de ses œuvres et de Scété, nous sommes venus pour le voir. Je leur dis : C'est moi. Eux me firent une métanie, disant : Nous désirons habiter ici.

Et moi, les voyant délicats et comme sortant des richesses, je leur dis : Vous ne pouvez pas rester en ce lieu. Le grand dit : Si nous ne pouvons pas rester en ce lieu, nous irons ailleurs. Je dis à ma pensée : Pourquoi les repousserais-je, au risque de les scandaliser ? Je leur dis : Venez, faites-vous une cellule, si vous pouvez. Ils dirent : Montre-nous seulement et nous la ferons. Je leur donnai une pioche, une bêche et un sac de pains avec du sel, je leur indiquai le rocher de la carrière desséchée et je leur dis : Taillez-vous ici une cellule, apportez- vous du bois de l'oued, couvrez-la et habitez-y. Je pensais qu'à cause de la fatigue, ils s'enfuiraient aussitôt. Es me demandèrent : A quoi travaille-t-on ici ? Je leur dis : Au tressage. Et prenant des palmes de l'oued, je leur montrai le commencement du tressage et la manière de tresser des corbeilles. Je leur dis : Faites des corbeilles, donnez-les aux gardiens et ils vous apporteront du pain. Puis je m'en allai. Eux, ils firent avec patience tout ce que je leur avais ordonné et ils ne vinrent pas me trouver de trois ans. Et moi, je luttais dans ma pensée, disant :

Que font-ils qu'ils ne sont pas venus me voir pour me questionner à propos de leurs pensées ? Ceux qui sont au loin viennent à moi ; eux, ils ne viennent pas et ils ne vont pas ailleurs, si ce n'est à l'église, pour recevoir l'offrande, en gardant le silence ! Et je priai Dieu, je jeûnai une semaine, afin qu'il m'apprit leur oeuvre. Et, lorsque je me fus levé, j'allai vers eux pour voir comment ils habitaient. Et, lorsque j'eus frappé, ils m'ouvrirent, ils m'embrassèrent en silence, et, après avoir prié, nous nous assîmes ; le grand fit un signe au jeune, il sortit et le grand était assis, gardant le silence, travaillant au tressage : il ne dit pas un mot. Et lorsqu'on eut frappé la neuvième heure, le jeune entra ; et, lorsqu'il lui eut fait signe, le jeune fit cuire quelque chose ; et, lorsque le grand lui eut fait signe de nouveau, le jeune installa une toile et trois pains et il se tint debout silencieux. Et moi, je leur dis : Levez-vous, mangeons. Et nous nous levâmes, nous mangeâmes ; ils apportèrent aussi la cruche, nous bûmes. Lorsque ce fut le soir, ils dirent : Tu t'en iras ? Je dis : Non, mais je dormirai ici. Et ils me donnèrent une natte à l'écart, et eux s'étendirent à un autre endroit. Je les vis placer à terre leurs ceintures et leurs étoles qu'ils avaient ôtées. Comme je priai Dieu de me révéler leur œuvre, le toit s'ouvrit, il y eut une grande lumière comme en plein jour, mais eux, ils ne voyaient pas la lumière. Quand ils pensèrent que je dormais, le grand secoua le jeune. Ils se levèrent et ayant remis leurs ceintures, ils levèrent leurs mains au ciel. Et tandis que je les voyais ; eux ne me voyaient pas. Et je vis des démons qui venaient sur le plus jeune, volant, comme des mouches : les unes venaient sur ses yeux et sur sa bouche ; et je vis un ange du Seigneur qui avait une épée de feu en sa main et qui faisait le tour pour chasser les démons, car ils n'osaient pas approcher du grand. Lorsque le matin allait paraître, ils se couchèrent de nouveau.

Et moi, je fis comme si je m'éveillais ; eux, de même. Et le grand dit cette seule parole : Veux-tu que nous disions les douze psaumes ? Et je leur dis : Oui. Et le plus jeune dit cinq psaumes par six versets avec un alléluia, et, a chaque verset, une flamme de feu sortait de sa bouche et montait au ciel. Moi, je récitai quelques psaumes par cœur et, lorsque je sortis, je dis : Priez pour moi. Quant à eux, ils firent une métanie en silence. Et je sus que le grand était un parfait tandis que l'ennemi combattait encore le plus jeune.

Et ensuite de cela, lorsque quelques jours se furent écoulés, le grand s'endormit, puis le plus jeunes trois jours plus tard."

Et si quelques vieillards allaient trouver abba Macaire, il les conduisait à leur cellule, disant : "Venez, voyez le martyrium des petits étrangers."

Macaire copte 9.

On rapporte d'abba Macaire l'Egyptien que, montant un jour de Scété la montagne de Pernoudj, lorsqu'il fut proche du lieu, il dit à son disciple : "Pars un peu devant." Et, lorsque le disciple eut pris de l'avance, il croisa un Grec : c'était un prêtre [païen] de Padalas, qui portait un grand fagot de bois pour le feu et qui courait. Alors, le frère le héla, lui criant : "Hé, toi, démon, où cours-tu ?" Le prêtre s'étant retourné, rejoignit le frère et le frappa jusqu'à le laisser à demi mort ; puis, ayant repris son bois, se remit à courir. Un peu plus loin, il croisa abba Macaire qui lui dit : "Courage, courage, ô toi qui aimes à te faire souffrir ! " Le prêtre, étonné, le rejoignit et lui dit : "Qu'as-tu vu de bien en moi que tu m'ais salué avec honneur ?" Le vieillard lui dit : "J'ai vu que tu souffrais ; ne sais-tu pas que tu souffres en vain ?" II lui dit : "Moi aussi, j'ai réfléchi sur le salut et j'ai su que toi, tu appartiens à un grand Dieu ; mais j'ai aussi rencontré un autre moine méchant qui m'a insulté, et je l'ai frappé à mort." Et le vieillard sut que c'était son disciple. Et le prêtre se prosternant dit : "Je ne te laisserai pas partir avant que tu ne m'aies fait moine." Et ils poursuivirent leur route jusqu'au lieu où se trouvait le frère, et ils le conduisirent à l'église de la montagne. Lorsque les frères virent le prêtre païen, ils furent étonnés. Ils le baptisèrent, ils le firent moine et une foule de Grecs devinrent chrétiens à cause de lui.

Abba Macaire dit : "La parole mauvaise, elle fait que les autres qui sont bons deviennent mauvais ; de même la parole bonne, elle fait que les autres qui sont mauvais deviennent bons."

Note : Guillaumont divise cet apophtegme en deux. Je le conserve comme un seul, la finale concluant l'épisode

Macaire copte 10.

Il alla aussi une fois de Scété à Térénouti, il entra dans un tombeau et il y dormit. Il y avait lu de vieux corps d'Hellènes morts ; et, lorsqu'il en eut pris un, il le mit sous sa tête en guise d'oreiller, afin qu'il se reposât un peu.

Mais eux, les démons, lorsqu'ils eurent vu son cœur courageux comme celui d'un lion, ils lui portèrent envie pour l'effrayer ; ils appelèrent un nom comme les femmes, disant : "Une telle, viens aux bains avec nous." Et un autre démon, en dessous de moi, leur répondit comme d'entre les morts : "Il y a un étranger sur moi, je ne puis aller." Mais le vieillard ne s'effraya pas ; avec fermeté, il le frappa, disant : "Lève-toi, va dans les ténèbres, si tu le peux." Et lorsque les démons eurent entendu cela, ils s'écrièrent d'une grande voix, disant : "Tu nous as vaincus !" et ils s'en allèrent honteux.

Macaire copte 11.

Un frère alla trouver abba Macaire le grand, il lui dit : "Mon père, dis-moi une parole, comment je sauverai mon âme !" Le vieillard lui dit : "Va dans un tombeau, injurie les morts et jette-leur des pierres." Le frère, étant allé, dit des injures, puis en étant reparti, il informa le vieillard. Le vieillard lui dit : "Ils ne t'ont rien dit ?" Il dit : "Non."

Le vieillard dit : "Va demain, glorifie-les, disant : Vous êtes des apôtres, des saints, des justes." Et il vint vers le vieillard, disant : "Je les ai glorifiés." Le vieillard lui dit : "Ils ne l'ont rien dit?" — Il lui dit: "Non."

Le vieillard lui dit : "Tu vois combien tu les as injuriés, et ils n'ont rien dit ; combien tu les as glorifiés, et ils ne t'ont rien répondu : ainsi toi de même, si tu désires être sauvé, va, fais le mort ; ne considère ni les injures des hommes, ni leurs honneurs, comme les morts ; tu peux te sauver."

Macaire copte 12.

On dit de lui que, si un frère allait vers lui avec crainte, comme vers un saint et un grand vieillard, il ne lui disait rien ; mais si quelqu'un des frères lui disait en l'injuriant : "Mon père, n'étais-tu pas un chamelier, volant de ce que tu transportais pour le vendre ? Les gardes ne t'ont-ils pas frappé ?" Si quelqu'un lui parlait en ces termes, il lui répondait avec joie sur ce qu'il lui avait demandé.

Macaire copte 13.

Abba Sisoès dit : "Lorsque j'étais à Scété avec abba Macaire, nous sommes montés avec lui en l'Egypte pour moissonner : nous étions sept. Voici qu'une veuve glanait derrière nous et ne cessait de pleurer. Le vieillard appela le maître du champ, il lui dit : "Qu'est-il arrivé à cette vieille femme pour qu'elle pleure continuellement ?" Il lui dit : "Il y avait un dépôt confié à son mari, il est mort subitement et ne lui a pas dit où il l'avait placé, et le possesseur du dépôt veut l'emmener esclave avec ses enfants." Le vieillard lui dit : "Dis-lui qu'elle nous rejoigne à l'endroit où nous nous reposerons pendant la grosse chaleur." Lorsqu'elle fut venue, le vieillard lui dit : "Pourquoi pleures-tu sans cesse ?" Elle lui dit : "Mon mari a reçu un dépôt de quelqu'un et ne m'a pas dit où il l'avait placé." Le vieillard lui dit : "Viens, montre-moi où tu as placé le corps." Et il prit ses frères avec lui, il sortit avec elle. Lorsqu'ils furent arrivés à l'endroit, le vieillard lui dit : "Va dans ta maison." Et lorsqu'ils eurent prié, le vieillard appela le mort, disant : "Un tel, où as-tu mis le dépôt d'autrui ?" Et lui, il répondit, il dit : "Il est en ma maison, en dessous du pied du lit." Le vieillard lui dit : "Endors-toi donc jusqu'au jour de la résurrection." Et lorsque les frères eurent vu, ils tombèrent de crainte à ses pieds. Le vieillard leur dit : "Ce n'est pas à cause de moi que cela est arrivé, je ne suis rien ; mais à cause de cette veuve et des orphelins, Dieu a fait cette chose ; car c'est une grande chose, que Dieu désire l'âme sans péché." Et lorsqu'ils furent sortis, ils informèrent la veuve, disant : "Le dépôt est à tel endroit." Et lorsqu'elle l'eut pris, elle le donna à son propriétaire, et elle rendit la liberté à ses fils ; et ceux qui entendirent parler de cela rendirent gloire à Dieu."

Macaire copte 14.

Abba Macaire, en quittant l'église qui était à Scété, disait aux frères : "Frères, fuyez." Un vieillard lui dit : "Où fuirons-nous, surtout en ce désert ?" Et il mit son doigt sur sa bouche, en disant : "La fuite," c'est le silence".

Macaire copte 15.

Abba Paphnouti, le disciple d'abba Macaire, dit : "Je priai le vieillard, en disant : Mon père, dis-moi une parole. Il me dit : Ne fais rien de mal, ne juge personne, tu seras sauvé."

Macaire copte 16.

Abba Moïse dit à abba Macaire : "Je désire vivre seul, les frères m'en empêchent." Abba Macaire lui dit : "Je vois ta nature douce et que tu ne peux pas mettre un frère à la porte ; si tu désires véritablement être seul, écoute-moi, va dans la montagne et tu seras seul." Et lorsqu'il eut fait ainsi, il fut tranquille.

Macaire copte 17.

Abba Macaire dit : "Si tu châties quelqu'un sous l'impulsion de la colère, tu as accompli une œuvre de passion ; aussi tu n'as sauvé personne et tu t'es perdu toi-même."

Macaire copte 18.

Il dit aussi : "Vraiment, celui qui soupire vers la compagnie des hommes s'est retiré de la compagnie de Dieu, car il est écrit : Malheur à vous, quand même tous les hommes vous diraient : C'est bien."

Macaire copte 19.

Il dit aussi : "Je pense que si vous agissez selon les plaisirs des hommes, eux-mêmes ils accuseront votre manque de piété, mais, si vous avez envie de la justice, quand même ils souffrent un peu, cependant la conscience ne les rendra pas aveugles à ce qui est selon Dieu."

Macaire copte 20.

J'ai appris que les vieillards de la montagne de Pernoudj envoyèrent une fois des frères vers abba Macaire de Scété, le priant et disant : "Afin que tout le peuple n'aille pas vers toi, nous te prions de venir vers nous, afin que nous te voyions avant que tu t'en ailles vers le Seigneur." Lorsqu'il fut allé à la montagne, le peuple entier se réunit à lui ; les vieillards le priaient, disant : "Dis une parole aux frères !" Mais lui, après avoir pleuré, il disait : "Pleurons sur nous, frères ! Que nos yeux fassent couler des larmes avant que nous allions au lieu où nos larmes brûleront notre corps." Et, lorsqu'ils eurent tous pleuré, ils se jetèrent sur leur visage, disant : "Prie sur nous, notre père."

Macaire copte 21.

J'ai appris que abba Macaire l'Égyptien alla une fois de Scété à la montagne de Pernoudj pour l'offrande d'abba Pambo ; les vieillards lui dirent : "Dis une parole aux frères, notre père !"

Lui, il dit : "Je ne suis pas encore devenu moine, mais j'ai vu des moines. Car, comme j'étais assis une fois dans la cellule à Scété, ma pensée me dit : Va dans le désert et sache ce que tu y verras.

Et je restai cinq ans avec ma pensée, disant : Peut-être vient-elle des démons. Et comme la pensée perdurait, j'entrai dans le désert, j'y trouvai un lac avec une île en son milieu, et les animaux du désert venaient y boire. Et je vis deux hommes nus au milieu d'eux. Je me mis à trembler, pensant que c'étaient des esprits. Mais eux, lorsqu'ils virent que je craignais, ils me parlèrent, disant : "Ne crains pas ; nous aussi, nous sommes des hommes." Et je dis : "Vous, d'où êtes-vous venus ? pourquoi êtes- vous venus en ce désert ?" Ils me dirent : "Nous sommes d'un même monastère ; nous avons passé un accord et nous sommes venus ici voici quarante ans." L'un était un Égyptien, l'autre un Libyen. Ils m'interrogèrent aussi, disant : "Comment est le monde ? L'eau vient-elle en son temps ? Y a-t-il dans le monde abondance ?" Je leur dis : "Par la grâce de Dieu et vos prières."

Je les interrogeai : "Comment puis-je être moine ?" Ils me répondirent : "Si quelqu'un ne renonce pas à toute œuvre du monde, il ne peut pas être moine." Je leur dis : "Moi, je suis faible, je ne peux pas faire comme vous." Eux, ils me diront : "Si tu ne peux pas faire comme nous, demeure en ta cellule et pleure tes péchés." Je les interrogeai : "Pendant l'hiver, ne gelez-vous pas, et pendant l'été, vos corps ne brûlent-ils pas ?" Eux, ils me dirent : "Dieu nous a traités ainsi ; ni en hiver nous ne gelons, ni en été nous ne brûlons."

C'est pourquoi je vous ai dit : Jusqu'ici je ne suis pas encore devenu moine, mais j'ai vu des moines. Pardonnez-moi, ô mes frères."

Macaire copte 22.

On rapporte d'abba Macaire qu'il fut "Dieu sur terre", selon ce qui est écrit ; car comme Dieu a couvert le monde, ainsi abba Macaire couvrit les défauts qu'il vit comme ceux qu'il ne vit pas ; ceux dont il entendit parler, comme ceux dont il n'entendit pas parler.

Macaire copte 23.

Quelques vieillards interrogèrent abba Macaire, en disant : "Comment faut-il prier ?" Il leur dit : "h 1 ne faut pas dire des foules de paroles, mais tendre les mains vers Dieu et dire : Seigneur, comme tu veux, comme il te plait, guide-moi. S'il y a une calamité, dis : Seigneur, secours-moi ; et Celui qui sait ce qui est bon aura pitié de nous selon ses miséricordes et son amour pour les hommes."

Macaire copte 24.

Abba Sisoès rapporte au sujet d'abba Macaire : "Un frère alla une fois vers lui, il vit la vertu de Dieu qui marchait avec lui. Le vieillard dit en lui-même : "Les larmes que l'homme verse sur ses péchés surpassent de nombreuses vertus !" Et il dit au frère : "Crois-moi, si tu savais qui est avec toi, tu ne craindrais absolument rien au monde."

Macaire copte 25.

Abba Macaire et abba Pambo marchant une fois dans la montagne, abba Pambo prit les mains d'abba Macaire, il les baisa, disant : "Il y a une force qui viendra de ces mains." Abba Macaire lui dit : "Tais-toi, mon fils Pambo, de peur que ta parole n'apporte le silence."

Macaire copte 26.

On rapporte d'abba Macaire le grand qu'il demeura une fois dans un monastère. Alors que chaque frère donnait une natte chaque jour, lui n'en donnait qu'une tous les trois jours. Et, lorsque les frères le virent, ils dirent au pape [1] : "Si ce frère étranger ne donne pas sa natte chaque jour, nous ne le laisserons pas demeurer avec nous." Et lorsque le pape alla à sa cellule dans l'intention de lui dire cela, il s'arrêta en dehors de la cellule, il entendit qu'à chaque coup de pied que Macaire donnait, il se tenait debout pour prier et faisait trois métanies. Et aussitôt le pape retourna, disant : "Apportez-moi une natte d'abba Macaire." Lorsqu'on la lui eut apportée, il la prit, il la lança dans le four du boulanger alors qu'on le chauffait ; puis il resta, une grande heure jusqu'au moment où l'on devait éteindre le four : il vit la natte qui était dans le feu sans avoir brûlé, et le pape dit aux frères : "Le travail des mains sans les pratiques [de la prière] n'est rien."

Note 1 : "le pape" : le supérieur, l'abbé ou higoumène

Macaire copte 27.

On rapporte d'un frère qu'il tomba une fois dans une tentation à Scété. Il alla voir abba Macaire l'Alexandrin pour lui parler de la tentation. Aussi le vieillard lui donna comme ascèse de rester dans sa cellule sans en sortir pendant quelque temps afin qu'il fît pénitence. Mais lorsque le frère fut parti, il devint troublé à cause de la tentation et se sentant en danger, il n'obéit pas à la consigne que lui avait donné abba Macaire l'Alexandrin. En effet, lorsqu'il fut comme pris entre deux combats, il se leva et alla à l'endroit d'abba Macaire l'Égyptien qu'il informa de la transgression où il se trouvait à cause des ordres d'abba Macaire l'Alexandrin qu'il n'accomplissait pas. Et le vieillard persuada son cœur, il l'encouragea beaucoup, disant : "Va, mon fils, ce que tu peux, fais-le ; tiens-toi prêt pour ne jamais commettre ce péché, et c'est là ta pénitence." Et le frère lui dit : "Que ferai-je, car je suis troublé me sentant lié par la consigne d'abba Macaire ?" Le vieillard lui dit : "Celui qui est lié par cette consigne, ce n'est pas toi, mais abba Macaire." Lorsque abba Macaire l'Alexandrin eut appris que le vieillard avait dit au frère : "C'est abba Macaire qui est lié par cette consigne" il se leva, il s'enfuit dans l'oued, résolu d'y rester sans rencontrer personne jusqu'à ce qu'il ait lui-même exécuté l'ordre durant le temps qu'il avait indiqué au frère ; et il resta une multitude de jours dans l'oued jusqu'à ce que son corps soit gonflé, couvert de piqûres de moustiques. Abba Macaire l'Égyptien apprit que le vieillard s'était enfui dans l'oued à cause de cette parole. Il se leva pour se rendre dans l'oued et chercha jusqu'à ce qu'il l'ait trouvé. Lorsqu'il le vit, il lui dit : "Bon vieillard, j'ai dit ceci pour encourager le frère ; mais toi, l'ayant entendu comme une bonne vierge, tu as fui dans la chambre intérieure ; lève-toi donc, mon frère, retourne à ta cellule."

Mais l'Alexandrin lui répondit : "Pardonne-moi, mais j'agis selon la parole sortie de ta bouche, car elle est parvenue jusqu'à moi ; et je ne quitterai pas ce lieu jusqu'à ce que j'ai accomplis le nombre des jours que j'ai donné au frère." Lorsqu'il vit qu'il le supportait avec fermeté, Macaire l'Egyptien persuada son cœur, disant : "Ne fais pas comme cela, mais lève-toi, viens avec moi et je t'enseignerai ce qu'il faut faire." Lorsque son coeur eut été ainsi persuadé, il se leva, il sortit avec lui, il parla avec lui selon sa coutume, h lui dit : "Va, passe cette année mangeant une fois la semaine." Ce n'était pas un ordre qu'il lui donnait ; mais depuis que la parole eut été donnée, ce fut le régime de vie d'abba Macaire l'Alexandrin : il mangea une fois par semaine.

Macaire copte 28.

Abba Macaire dit : "Celui qui remplit son cœur de pain et d'eau donne à l'instant même les clefs de sa maison aux voleurs"

Macaire copte 29.

[Après avoir visité Abba Macaire, en repartant un frère] (1) l'entendit pleurer à haute voix en disant : "Jésus, Jésus, puisque tes oreilles ne se lassent pas, lorsque je crie en haut vers toi jour et nuit, afin que tu aies pitié de moi, que tu me fasses miséricorde pour mes péchés, moi aussi, je ne me fatiguerai pas de le prier."


Note 1 : Amélineau semble considérer ce texte comme faisant partie du précédent. J'ai du lui ajouter un
préambule entre crochets.

Macaire copte 30.

On rapporte d'abba Macaire le grand que, marchant une fois dans la montagne, il vit une tète de mort gisant dans la montagne ; il la remua et elle lui parla.
Le vieillard lui dit : "Qui es-tu ainsi, toi qui me parles ?"

Le crâne lui dit : "Moi, je suis un Grec du temps des païens ; on m'a permis de te parler."

Le vieillard lui dit : "Et moi, qui suis-je ?"

Le crâne lui dit : "Toi, tu es abba Macaire le pneumatophore."

Le vieillard lui dit : "Es-tu dans le repos ou dans la souffrance ?"

Le crâne lui dit : "Je suis dans les tourments."

Le vieillard lui dit : "De quelle sorte est ton tourment ?"

Le crâne lui dit : "Autant, le ciel est élevé au-dessus de la terre, de même aussi il y a un fleuve de feu qui bouillonne au-dessus de nos têtes et en dessous de nous, élevant ses flots sous nos pieds ; nous nous tenons au milieu, sans que notre visage ne voie d'autre visage, mais nos dos sont unis l'un à l'autre. Au moment où l'on fait quelque grande prière pour nous, un peu de soulagement nous est donné."
Le vieillard lui dit : "Quel soulagement ?"

Le crâne lui dit : "Pendant un clin d'œil, nous nous voyons le visage les uns des autres." Lorsque le vieillard eut entendu cela, il cria, il pleura, disant : "Puisque c'est là le repos du tourment, malheur à la femme qui s'unit à l'homme pour enfanter des enfants ! Il vaudrait mieux qu'on ne les mit pas au monde."
Le vieillard lui dit : "Y a-t-il un châtiment pire que le tien ?"

Le crâne lui dit : "Oui, car le feu qui est en dessous de nous, ce feu est plus noir et plus impitoyable que le notre."

Le vieillard lui dit : "Y a-t-il des hommes dans ce feu ?"

Le crâne lui dit : "Oui, il y en a quelques-uns." Le crâne recommença de parler, disant : "Nous, comme nous ne connaissions pas Dieu, on nous a jetés dans ce tourment ; mais ceux qui le connaissaient et l'ont abandonné, ils ont été jetés au-dessous de nous."

Macaire copte 31.

On rapporte d'abba Macaire le grand qu'il passa trois ans dans un tombeau où il y avait un mort ; et, lorsque après trois ans, il voulut sortir du tombeau, le mort se tint près de la porte, disant : "Je ne te laisserai pas aller, mon père !" Le vieillard lui dit : "Pourquoi ?" le mort lui dit : "Avant ton arrivée en ce tombeau, j'étais en de grandes souffrances et douleurs ; mais lorsque tu es venu et as habité ici ; à cause de toi. on m'a donné repos. Je crains donc que, si je te laisse aller, on ne m'y rejette une autre fois." Pendant que le mort se tenait près de la porte, une voix se fit entendre, disant : "Laisse aller l'homme de Dieu ; car, si l'on n'avait pas trouvé en toi un peu de justice qui te fasse prendre en pitié, Dieu n'aurait pas mis au cœur de son serviteur de passer ces trois années dans ce tombeau, afin que la pitié te soit accordée à cause de lui."

Macaire copte 32.

On rapporte d'abba Macaire qu'il se trouva une fois dans l'oued cueillant des palmes ; et, lorsqu'il eut fini de les cueillir, lorsqu'il les eut réunies pour les attacher ensemble, un démon s'approcha de lui sous l'aspect d'un moine furieux et en colère qui lui dit : "Macaire, n'attache pas ces palmes ensemble avant de m'en avoir donné ma part." Le vieillard lui dit : "Viens, emporte ce que tu veux." Et le démon lui dit : "Partage-les ; donne-m'en une partie et prends l'autre pour toi." Et le vieillard les partagea : il en fit une part plus grosse que l'autre et il dit au démon : "Prends des deux celle que tu voudras." Et le démon lui dit : "Non ; toi, tu as eu la peine de cueillir, prends d'abord du côté que tu voudras." Le vieillard prit la plus petite partie, et aussitôt le démon s'écria : "0 violence ÎMacaire, j'en ai vaincu un grand nombre, mais toi, tu m'as vaincu." Et le vieillard lui dit : "Qui es-tu donc ?" Et le démon lui dit :"Je suis le démon de la convoitise des richesses." Et lorsque le vieillard eut fait une prière, le démon disparut.

Macaire copte 33.

On rapporte encore à son sujet que abba Macaire priant une fois dans sa cellule, une voix se fit entendre, disant : "Macaire, tu n'es pas encore arrivé à la mesure de deux femmes qui sont en tel village." Lorsque le vieillard se fut levé au matin, il prit son bâton de palmier, il commença de marcher jusqu'à ce qu'il fût arrivé au village. Un ange marchait avec lui, le guidant vers la maison. Lorsqu'il eut frappe à la porte, elles lui ouvrirent. Lorsqu'elles surent que c'était abba Macaire, elles firent une métanie puis le reçurent avec joie. Le vieillard leur dit : "C'est à cause de vous que j'ai enduré la fatigue de ce chemin, puisque je suis venu du désert ici : dites-moi quelle est votre œuvre." Mais elles, voulant cacher ce qu'elles faisaient, elles lui dirent : "Pourquoi veux-tu connaître nos misérables œuvres ?" Ayant fait une métanie, il leur dit : "Ne me cachez rien ; car c'est Dieu qui m'a envoyé." Saisies de crainte, elles lui répondirent : "Pardonne-nous, notre frère ; quoique nous ne soyons pas de la même famille, nous vivons comme deux sœurs. Voici quinze ans aujourd'hui que nous sommes dans cette maison, et nous ne nous souvenons pas avoir eu une dispute entre-nous, ou que l'une ait dit une parole inutile à l'autre ; mais nous sommes en paix en tout temps et d'une seule pensée. Nous avons même pensé à quitter nos maris pour vivre comme des moniales, mais quoique nous ayons demandé une foule de fois à nos maris, nous n'avons pas réussi à les persuader de nous laisser partir. Comme ce projet ne nous fut pas permis, nous avons pris entre nous et devant Dieu la résolution que pas une parole mondaine ne serait prononcée par notre bouche jusqu'à notre mort, mais que toujours nous penserions à Dieu et à ses saints, que nous nous occuperions sans cesse des prières, des jeûnes et des miséricordes." Lorsque abba Macaire eut entendu cela, il dit : "En vérité, ce que Dieu cherche, ce n'est pas le nom de "moine" ou de "laïc" ; de "vierge" ou de "femme mariée", mais c'est un choix droit et à tous il donne son Esprit-Saint." Et, lorsque le vieillard eut trouvé profit, il retourna à sa cellule en frappant dans ses mains, disant : "Je n'ai encore jamais fait la paix avec un frère comme ces femmes."

Macaire copte 34.

On rapporte d'abba Macaire le grand qu'il habitait dans le désert intérieur, absolument seul, menant une vie d'ermite. Plus loin se trouvait un autre désert où habitaient des frères. Une fois, le vieillard regardait le chemin. Il vit Satan qui venait sous l'aspect d'un voyageur. Il semblait revêtu d'une toile de lin percée de trous, et à chaque trou était suspendue un flacon. Macaire lui dit : "Que fais-tu de ces flacons ?" Et il lui dit : "Ce sont des aliments que je porte aux frères." Abba Macaire lui dit : "Quoi, tout cela ?" Le diable répondit : "Si cette chose ne plait pas à l'un, je lui en donne une autre, et si l'autre ne lui fait pas plaisir, je lui en donne encore une autre ; il faut donc que l'une d'elles lui plaise." Et lorsqu'il eut dit cela, il s'en alla. Le vieillard s'assit, prêtant attention au chemin jusqu'à ce que le démon s'en retourne. Lorsque le vieillard le vit il lui dit : "Ça va bien ?" Il lui dit : "Ça ne va pas bien !" Abba Macaire lui dit : "Pourquoi ?" Lui, il lui dit : "Les frères ont été sauvages pour moi et personne ne m'a accueilli." Abba Macaire prit la parole, il dit : "N'avais-tu aucun ami ?" Il lui répondit, il dit : "J'ai un ami qui est là-bas et il m'obéit : s'il me voit, il tourne comme un petit animal." Le vieillard lui dit : "Et quel est son nom ?" Lui, il dit : "Théopemptos est son nom." Et lorsqu'il eut dit cela, il s'en alla.

Abba Macaire se leva, il marcha vers l'intérieur du désert ; et, lorsque les frères l'apprirent, ils prirent des palmes, ils marchèrent au-devant de lui. En outre, chaque frère s'était préparé, pensant que Macaire se reposerait près de lui, en sa maison. Mais le vieillard, lorsqu'il eut salué, dit : "Le frère nommé Théopemptos est-il dans cette montagne ?" Et, lorsqu'il l'eut trouvé, il alla vers sa cellule. Théopemptos le reçut avec joie et allégresse. Le vieillard commença à converser avec lui et il lui dit : "Les nouvelles de tes pensées, mon fils ?" Mais lui, il lui dit : "Prie pour moi, ça va." Le vieillard lui dit : "Est-ce que tes pensées te combattent ?" Lui, il dit : "Jusqu'à présent, ça va" car il avait honte de le dire. Le vieillard lui dit : "Jusqu'à présent, moi qui suis chargé d'années, je pratique l'ascèse et chacun m'honore ; et pourtant, moi qui suis un vieillard, l'esprit de fornication me fait souffrir." Théopemptos prenant la parole, lui dit : "Crois-moi, mon père, moi aussi." Mais le vieillard, lui donnant occasion de parler, dit d'autres pensées qui le combattaient, jusqu'à ce qu'il avouât. Ensuite le vieillard lui dit : "Comment jeûnes-tu ?" Et il dit : "Jusqu'à la neuvième heure." Le vieillard dit : "Jeûne jusqu'au soir et pratique l'ascèse, récite par cœur l'Évangile et le reste des Écritures, et, si une pensée vient, ne regarde pas en bas, mais regarde en haut en tout temps et Dieu te secourra." Et lorsque le vieillard eut donné l'instruction au frère, il s'en alla dans son désert.

Et, comme le vieillard regardait le chemin, il vit encore ce démon et lui dit : "Où vas-tu ?"
Lui, il lui dit : "Je veux donner souvenir aux frères."

Et lorsqu'il retourna, le saint lui dit : "Quelles sont les nouvelles des frères ?"

Et il lui dit : "Mauvaises."

Et le vieillard lui dit : "Pourquoi ?"

Et lui, il lui dit : "Ils ont tous été sauvages pour moi, et le plus grand malheur, c'est que cet ami aussi que j'avais, qui m'obéissait, je ne sais pas comment il a changé ; car, lui aussi, il ne se laisse plus persuader par moi, mais il est devenu sauvage plus qu'eux tous, et j'ai résolu de ne plus revenir ici e longtemps."

Et, après avoir dit cela, il quitta le vieillard et s'en alla ; et le vieillard entra dans sa cellule.

Pour la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit jusqu'au siècle de tous les siècles. Amen.

"Seigneur, aie pitié de ton serviteur qui a copié ces paroles"