+   La Rédemption, fruit de l’Incarnation est la condition  pour lever la sentence de la mort et pour renouveler   notre nature humaine  corrompue par le péché.

+ La Résurrection est la récolte de l’Incarnation et de la Rédemption, c’est là où  nous jouirons de la joie de la vie éternelle lorsque nous aurons des corps lumineux à la place de nos corps terrestres.

Nous avons essayé de reprendre le plus de citations de notre Saint Athanase, défenseur de la foi pour s’imprégner de  la pensée de nos pères.

Que le Seigneur bénisse ces pages avec la prière de Sa Sainteté notre Pape Anba Chenouda III, et que la grâce de Dieu soit avec vous tous.

Anba Moussa
Evêque de la Jeunesse

 

Pourquoi la Rédemption ?

La doctrine de la Rédemption est l’une des doctrines fondamentales du christianisme. Elle est entièrement liée à deux autres doctrines : la divinité du Christ et l’Incarnation de la Parole.

Le Rédempteur doit être un Dieu incarné, afin de satisfaire aux conditions requises, effacer la dette et résoudre le problème.

Quel est le problème ?

Le problème est que l’homme chuta dans le péché et s’attira :

  • la sentence de mort
  • la corruption de la nature humaine
  1. La sentence de mort

Dieu dit à Adam : « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Genèse 2 :16-17)

Ce commandement, est un conseil sincère, avant d’être un ordre ou une directive. Le Seigneur montra à Adam le chemin de la vie et celui de la mort, afin de lui donner l’occasion d’exercer sa liberté, et de lui donner le droit de choisir.

Le Seigneur n’avait pas l’intention de priver Adam d’un quelconque arbre. La preuve est qu’Il lui donna le droit de manger de l’arbre de vie, et de vivre éternellement (Genèse 2 :9,3 :22). Voici la question :

  1. L’arbre de la connaissance du bien et du mal signifie le mal, la corruption de la nature, le péché et la chute sous l’emprise de Satan.
  2. Dieu voulut créer Adam libre, et non un simple pantin ou un pion sur un échiquier. Et afin qu’Adam puisse exercer sa liberté, il lui fallait une occasion de choisir. Aussi, Dieu accepta-t-Il qu’Adam puisse Le choisir ou Le refuser, et Il accepta que Satan soit l’alternative, au cas où Adam refusait Dieu. Ainsi, Adam aurait toute liberté de choisir.
  3. Cette liberté constitue une réponse déterminante aux existentialistes athées qui perçoivent notre Dieu aimant comme une puissance dominatrice et un asservissement terrible, et veulent se libérer de Dieu en tombant dans l’esclavage de l’égo, de la chair et de Satan

Pensée de Saint Athanase

Certains s’imaginent que l’idée de la chute d’Adam sous la sentence de mort est une idée moderne, mais saint Athanase, dans le livre « De l’Incarnation du Verbe » confirme les origines de cette idée.

Voici quelques extraits qui confirment cette idée:

+ « Le Verbe … en présentant à la mort ce corps qu’Il prit pour Lui, en sacrifice et en offrande exempte de toute souillure, leva immédiatement la sentence de mort de sur ceux qu’Il représentait, en offrant pour eux un corps semblable au leur » (chapitre 9, §1)

+ « Le Verbe de Dieu étant au-dessus de tout, il était dans la nature des choses qu’Il honore la dette par Sa mort, et ce, en présentant Son temple et Son vase humains pour la vie de tous » (chapitre 9 §2)

+ « Par le sacrifice de Son corps, Il mit un terme à la sentence de mort qui était dressée contre nous. Il donna à notre vie un commencement nouveau, par l’espérance de la résurrection des morts qu’Il nous donna. Car si c’est par un homme que la mort s’installa dans l’humanité, aussi, c’est par cette même cause que la mort fut anéantie et que la résurrection eut lieu, par l’incarnation du Verbe, comme le dit saint Paul :
« Car, puisque la mort est venue par un homme, c'est aussi par un homme qu'est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15 :21,22). C’est la raison primordiale pour laquelle le Sauveur prit chair » (chapitre 10 §5,6)

+ Comme il était nécessaire que fût accomplie la dette redevable par tous, tous ayant mérité la mort, le Christ vint parmi nous. Après avoir fourni, par Ses œuvres, nombre de preuves de Sa divinité, Il se présenta comme sacrifice pour tous en livrant Son temple pour nous. Premièrement pour libérer les hommes de leur ancienne désobéissance. Deuxièmement pour qu’Il apparaisse comme étant plus fort que la mort, en montrant que Son corps est sans corruption, prémisse de la résurrection de tous » (chapitre 20 §2).

Ainsi, se confirme la nécessité de la mort expiatoire afin d’accomplir la justice divine.
Mais il existe un autre principe de la Rédemption : celui de renouveler la nature humaine à nouveau après la corruption dont elle fut atteinte.

Renouvellement de la nature humaine

La première raison de l’Incarnation et de la Rédemption était de lever la sentence de mort de sur l’humanité, par la mort du Messie pour nous sur la Croix.
Mais le problème n’était pas uniquement un problème juridique, au sens d’un problème de condamnation et de sentence de mort qui  pesait sur l’homme. Il y avait un problème plus grave qui était celui de la « corruption de la nature humaine ».

Le péché d’Adam a corrompu la nature de l’homme ; c’était la principale raison de l’exclusion d’Adam du Paradis. Ce n’était pas par dureté de la part de Dieu, mais par amour de sa part, de peur qu’Adam ne mange de l’arbre de la vie, après avoir été corrompu, et qu’il vive éternellement dans cette corruption. C’est pour cela qu’Adam sortit du Paradis, avec la promesse de Rédemption : la descendance de la femme écrasera la tête du serpent (Satan). La nature humaine se trouvant renouvelée par le Saint Esprit, et devenant digne du Sang du Christ, l’homme deviendrait un homme nouveau « créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ephésiens 4 :24)

La situation nécessite donc une « re-création », ce qui requiert la présence du Créateur et de Son action. Le déluge que Dieu envoya sur la terre et ses habitants ne renouvela pas la nature de l’homme de l’intérieur par le Saint-Esprit. Son but était seulement de mettre en garde et d’orienter, afin que l’homme s’efforce à obéir à Dieu et à réaliser Ses commandements, ce qui est impossible sans aide et renouvellement de la part de Dieu.

L’objectif était donc de convaincre l’homme qu’il avait besoin d’un Sauveur « Ainsi la loi a été comme un précepteur pour nous conduire à Christ » (Galates 3 :24).
La loi avait pour but de mettre en évidence, à mes yeux, ma corruption et ma faiblesse, pour que je ressente mon besoin d’un Sauveur qui « nous a rachetés de la malédiction de la malédiction de la loi » (Galates 3 :13).

Le problème n’est donc pas que Dieu pardonne Adam. Quoi de plus simple ? Mais de renouveler la nature d’Adam, la sanctifier par le Saint Esprit, et lui redonner l’image divine avec laquelle elle fut créée.

Et là vient l’Incarnation, pour que Dieu prenne notre nature humaine, et nous rende « participants de la nature divine » (2 Pierre 1 :4)

De même, le problème n’est pas que le Christ meure pour nous, et lève notre sentence de mort, mais le plus important est de renouveler notre nature de la corruption, et de la rendre apte à une vie sainte ici-bas et à la vie éternelle dans l’au-delà.

Pensée de saint Athanase

Là, il nous faut nous référer à la pensée du lumineux et grand saint Athanase, afin de comprendre le besoin de renouveler notre nature. Voici quelques unes de ses paroles, extraites du livre « De l’Incarnation du Verbe »

+ « Le Verbe de Dieu devait conduire le corruptible à l’incorruptibilité, et en même temps, satisfaire la requête du Père juste. Comme Il est le Verbe du Père, et qu’Il surpasse tout, il était le seul digne, par Sa nature, de renouveler toute chose par Sa création , de supporter les souffrances en compensation pour tous, et d’être le représentant de tous auprès du Père » (chapitre 4 §5)

Notez que le saint précise ici deux conséquences du péché qui sont : la sentence de mort et la corruption de la nature. Il nous explique que l’Incarnation et la Rédemption étaient là pour lever la sentence et renouveler la nature.

+ Ainsi, en prenant de nos corps un corps semblable en nature, et tous étant sous la sentence de la corruption de la mort, Il donna Son corps à la mort en compensation pour tous, et Il le présenta au Père. Il fit tout cela par pitié pour nous.

Premièrement : pour abroger la loi qui condamnait les hommes à la perdition dans laquelle tous étaient morts.

Deuxièmement : afin de ramener les hommes à l’incorruptibilité après être retournés à la corruption, et pour leur rendre vie après la mort, par Son corps, et par la grâce de la Résurrection, les sauvant de la mort, comme on sauve la paille du feu (chapitre 8 §4)

Donc, un Rédempteur était nécessaire !

Quelles étaient les conditions à remplir par ce Rédempteur ?

Quelle solution ?

Adam est tombé sous la sentence de la mort et sa nature, pourrie par le péché, ne produit que le péché. Ce dernier siège au cœur de ses descendants et se manifeste dans leur conduite. Sans aucun doute, notre Seigneur tout puissant n’a pas réfléchi un instant à la recherche d’une solution. Il n’a pas eu non plus de discussions ni de propositions pour en choisir la meilleure. Ceux ne sont que des expressions humaines concernant le salut pour nous permettre de le comprendre tel qu’il était dans l’esprit de Dieu depuis toujours, bien avant la création d’Adam et Eve.

Notre Seigneur tout puissant connaît tout, est capable de tout faire et rien ne lui est impossible ou inconnu. L’éternité est dévoilée devant lui. Les perfections dans sa nature se complètent sans se contredire. Il est amour et Il est justice ; disons qu’Il est la justice aimante ou l’amour juste ; ou disons qu’Il est au-dessus de tout ceci. Notre Seigneur dépasse notre compréhension humaine incomplète, impuissante et limitée.
Ceux ne sont que des éclairages ayant pour origine la sainte inspiration et le Saint Esprit. Des éclairages qui tentent d’élever le cerveau humain afin de concevoir quelques secrets des préparatifs que Dieu a prévus pour le salut de l’homme.

 

Des alternatives possibles :

 

1 -Le pardon

Dieu pouvait-Il pardonner à Adam et Eve ? Où est le problème dans ce cas ?
Notre Seigneur est amour. Pourquoi ne pas pardonner à Adam et Eve et tout le problème serait réglé ?
N’est-ce pas lui qui a dit :  « je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jn 6 : 37). Même dans l’ancien testament il dit « C'est moi, moi qui efface tes transgressions pour l'amour de moi, Et je ne me souviendrai plus de tes péchés » (Es 43 : 45). Mais si Dieu pardonne à Adam à cause de son amour illimité où est passée sa justice illimitée qui a condamné à mort, une condamnation juste qui doit être exécutée.
Par ailleurs, pardonner à Adam à cause de l’amour illimité de Dieu ne règle pas le problème. Le pardon est une chose, la purification et la sanctification de la nature qui a pourri en est une autre. Il est facile de rembourser une somme qui a été volée, mais le plus important est de changer la nature du voleur pour ne plus recommencer. C’est pourquoi l’incarnation et le salut ont eu lieu, afin de sanctifier la nature humaine.
- « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jn 1 : 9)
- « C'est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte » (Hb 13 : 12)

 

2 – L’extermination

C’est une autre solution, de faire périr Adam et Eve et recommencer avec un nouvel Adam et une nouvelle Eve. Où est le problème ?
Ce serait un aveu d’échec de la part de Dieu. Il a créé l’homme et le diable a pu corrompre la créature de Dieu, qui s’est trouvé contraint de la détruire. C’est une victoire diabolique qui ne convient pas aux capacités illimitées de Dieu  et de sa gloire de créateur.
D’autre part, la possibilité d’une chute du nouvel Adam et de la nouvelle Eve est réelle et existante. Dieu est le même, l’homme et le diable aussi. Puisque Dieu créera l’homme libre il chutera et la situation se répètera.
Fallait-il que Dieu crée Adam sans liberté ? Impossible, car Dieu à l’origine a voulu créer l’homme libre, capable de choisir, afin qu’il vienne vers lui de son propre choix après avoir goûté aux autres voies.
La création d’un Adam non libre pour remplacer le premier n’effacera pas la chute de ce dernier, vaincu par Satan. Dans ce cas cette nouvelle créature ressemblera à une marionnette  ou un pion sans plus d’intérêt que les plantes ou les animaux.

 

3 – Le salut

La seule solution possible et complète on la trouvera dans l’incarnation divine.
Pourquoi cette incarnation ? Pourquoi Dieu prend-Il un corps pour nous sauver ? N’y avait-il pas d’autres solutions ? Une autre personne pour se sacrifier par exemple ?
+ Un homme
Impossible, l’homme a besoin d’un sauveur. Aucun homme n’est sans péché pour sauver les autres. Dans l’hypothèse d’un homme sans péché, il ne pourra sauver qu’un seul homme, alors que les êtres humains sont nombreux. D’autre part, il sera un sauveur limité alors que le péché d’Adam est illimité car dirigé contre Dieu l’illimité.
+ Un ange
Il ne conviendra pas non plus. L’ange est esprit alors que l’homme est esprit + corps. Par ailleurs, même s’il prend un corps pour mourir à notre place, il est limité alors que le péché d’Adam est illimité.

Le sauveur doit donc répondre à certains critères :
- Un homme, car il représente l’homme
- Mortel, car le salaire du péché, c'est la mort
- Sans péché, car on ne peut donner ce que l’on ne possède pas
- Illimité, car le péché d’Adam est illimité

+ L’incarnation était donc une nécessité. Lorsque l’hypostase du Verbe a élu domicile au sein de la vierge, Il a pris chair et est apparu parmi nous. Avec son corps Il est devenu homme, mortel ; avec sa divinité il est sans péché et illimité. Il est devenu le sauveur idéal et unique, capable de sauver et sanctifier l’homme.

Notre sauveur est monté sur la croix pour nous sauver. Mais pourquoi spécifiquement une croix ?

 

Pourquoi la croix ?

Peut-être se demandent quelques-uns : nous sommes convaincus de la nécessité de l’incarnation et du sacrifice de notre Seigneur. Il s’est incarné pour nous associer à sa nature divine et renouveler son image en nous. Il est mort pour casser la sentence de mort qui nous a atteint suite au péché. Mais, pourquoi une croix ? N’y avait-il pas d’autres méthodes pour mourir, plus dignes ?
Pourquoi spécifiquement la croix ?

La croix était une nécessité pour plusieurs raisons :

1 – Porter notre malédiction

Depuis la chute de nos premiers parents, la terre a été maudite comme l’a dit Dieu à Adam « Il dit à l'homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras point! le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie » (Ge 3 : 17). La terre commença effectivement à produire des épines et des ronces, Adam commença à labourer et à manger du pain à la sueur de son visage.
Adam a été libéré de cette malédiction et non seulement de sa condamnation à mort. Historiquement, la croix était le seul supplice qui comportait une malédiction « car celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu » (De 21 : 23). Pour cette raison Dieu a choisi d’être crucifié à notre place afin de débarrasser la terre de cette malédiction en la portant sur ses épaules « Car tous ceux qui s'attachent aux oeuvres de la loi sont sous la malédiction; car il est écrit: Maudit est quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique » (Ga 3 : 10), « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous-car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois » (Ga 3 : 13), « celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu » (De 21 : 23).

 

2 – Porter la sentence de mort à notre place

Notre condamnation à mort ne se limitait pas seulement au corps mais concernait aussi :
+ La mort physique
Tout est devenu périssable : l’homme, mais aussi la nature, les animaux etc.…
+ La mort spirituelle
En étant séparés de Dieu, pas de communion spirituelle avec lui
+ La mort morale
On a été déchu de la gloire et de la communion avec Dieu dans le jardin d’Eden et on a été expulsé vers la terre pour une vie dure et dégradante. L’homme qui porte en son sein l’image de Dieu l’invisible est devenu une proie pour la nature déchaînée, les bêtes féroces, les microbes et les virus virulents.
+ La mort éternelle dans la géhenne

La croix est donc un moyen adapté qui met en avant cette mort tétragonale qui nous attendait… Sur la croix le Seigneur est mort par son corps, sur lequel il a porté nos péchés, et est devenu péché pour nous, refusé de la justice divine. Il ne l’a pas été à cause de ses péché, lui qui n’en avait pas, mais en tant que notre représentant, portant nos péchés.

Les juifs, qui l’ont crucifié se moquaient de lui, et Il encaissait à notre place ces moqueries

Mais notre Seigneur est immortel, sa divinité unie à son humanité et sa justice éternelle et illimitée étaient plus forts que la mort. Il vainquit la mort pour nous et nous ouvrit les portes du paradis pour que nous puissions entrer et nous reposer dans le royaume éternel.

 

3 – Verser son sang pour nous

« sans effusion de sang il n'y a pas de pardon » (He 9 : 22). Sur la croix le sang a coulé de plusieurs endroits : du front du Seigneur couronné par des épines, de son corps déchiqueté par les fouets, de son côté touché par la lance et de ses quatre membres percés par les clous.

Pensée de saint Athanase

+ S’Il avait livré son corps en cachette, de son plein gré, sans maladie ou douleur, dans un coin de rue un désert ou une maison … et par la suite serait soudainement apparu en disant qu’Il est ressuscité … la foule n’aurait cru aucun mot de son récit sur la résurrection pour manque de témoin de sa mort. La mort doit précéder la résurrection. Sans mort pas de résurrection. Si sa mort humaine s’était déroulée en secret, dans un endroit non public et sans la présence de témoins, sa résurrection aussi aurait disparue et serait sans preuve. (L’incarnation du Verbe Chapitre 23 paragraphe 1).

+ Il n’est pas mort à l’instar de Jean Baptiste par décapitation ni comme Esaïe dont le corps a été scié en deux. Il a préservé son corps entier y compris dans sa mort pour ne pas donner d’argument à ceux qui prônent la division de l’église. (Chapitre 24 paragraphe 4).

+ Comment pouvait-Il nous appeler vers lui s’Il n’était pas crucifié ? Seule une personne crucifiée meurt en ouvrant les bras. C’est pour cette raison qu’il convenait au Seigneur de supporter cette mort, pour attirer vers lui le peuple ancien par un bras et les païens par l’autre, afin de les unir dans sa personne. (Chapitre 25 paragraphe 2).

+ Ce sont ses propres paroles, faisant allusion à la mort par laquelle Il devait sauver tout le monde « Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12 :32) (Chapitre 25 paragraphe 4).

Malgré que le Seigneur soit venu pour jeter le diable dans les ténèbres, purifier l’atmosphère et nous préparer le chemin vers le ciel « par la route nouvelle et vivante qu'il a inaugurée pour nous au travers du voile, c'est-à-dire, de sa chair » (He 10 : 20), ceci passait par la mort. Par quelle mort était-ce possible sinon par la mort dans l’air, sur une croix ? Seul celui qui meurt suspendu sur une croix meurt suspendu dans l’atmosphère. Il convenait donc pour le Christ ce type de mort. (Chapitre 25 paragraphe 5).

+ Quant à sa mort, les livres sacrées ne l’ont pas ignorée, mais plutôt lui ont fait clairement allusion à plusieurs reprises:
« Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Es 53 : 5)
« Ta vie sera comme en suspens devant toi, tu trembleras la nuit et le jour, tu douteras de ton existence » (De 28 : 66)
« J'étais comme un agneau familier qu'on mène à la boucherie, Et j'ignorais les mauvais desseins qu'ils méditaient contre moi: Détruisons l'arbre avec son fruit! Retranchons-le de la terre des vivants » (Je 11 : 19)
« Ils ont percé mes mains et mes pieds. Je pourrais compter tous mes os. » (Ps 22 : 16-18)

Saint Athanase trouve que le Seigneur a choisi la croix pour les raisons suivantes :
1 - Pour une mort publique devant des témoins, qui confirmera la résurrection qui suivra.
2 - Pour préserver le corps uni et non divisé.
3 - Pour mourir en ouvrant les bras afin d’unir les païens et les juifs dans sa personne pleine d’amour.
4 - Pour s’élever de la terre et nous attirer vers lui.
5 - Pour purifier l’atmosphère des mauvais esprits et nous permettre de les vaincre.
6 - Pour accomplir les prophéties qui ont confirmé la nécessité de la croix :
« Mais il était blessé pour nos péchés» (Es 53 : 5)
« Ta vie sera comme en suspens devant toi» (De 28 : 66)
« Détruisons l'arbre avec son fruit… » (Je 11 : 19)
« Ils ont percé mes mains et mes pieds… » (Ps 22 : 16)

Pour toutes ces raisons le Seigneur s’est élevé sur la croix pour nous laver de nos péchés, pour nous faire rentrer au paradis puis au royaume…
C’est ce que le Seigneur a fait pour moi. Qu’ai-je fait pour lui ?

Les fruits de la Croix

Lorsque le Seigneur est mort pour nous sur la croix, c’est son humanité qui est morte en lui alors que sa divinité est restée unie aux 3 composantes de son humanité :

  • le corps humain,
  • l’âme humaine, et
  • l’esprit humain.

La raison est simple : la divinité est éternelle et ne meurt jamais. Elle est également illimitée. Par conséquent, elle peut rester unie au corps qui est dans le tombeau et en même temps à l’âme et l’esprit humains qui sont au paradis après avoir libéré les âmes et les esprits qui étaient sous l’emprise de Satan aux enfers, l’endroit d’attente des méchants.

Effectivement … avant la croix, les âmes des justes étaient au même endroit avec celles des méchants. La différence essentielle est que l’âme des justes attendait le Christ Sauveur, qui l’emmènera au paradis, alors que l’âme des méchants attendait le jour de la sentence finale et du jugement éternel lorsqu’elle ira à la géhenne (« gohannam »).

Le premier fruit de la croix est donc :

1. L’ouverture du  paradis :

Les chérubins qui gardaient le paradis ainsi que les flammes et l’épée disparurent et le Seigneur est rentré victorieux pour porter les esprits de ceux qu’Il a sauvés et de ceux qui sont morts dans l’espérance, au paradis de la joie où ils jouiront de la compagnie du Seigneur jusqu’au jour de la résurrection générale. A partir de ce jour, ils vivront en une gloire éternelle et une joie continue au royaume des cieux et la Jérusalem céleste.
Après que Jacob disait à ses enfants dans l’ancien testament : « c’est en deuil que je descendrai vers mon fils au séjour des morts » (Gn 37 : 35), le bon larron en se repentant a mérité – à travers le repentir et la foi au sang du Christ – d’entendre de la bouche du Seigneur : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23 : 43).

Le deuxième fruit de la croix est :

2. L’écroulement de Satan :

Satan a essayé de reconnaître la personne du sauveur, afin qu’en s’assurant qu’Il est le Christ et le sauveur, il empêche sa mort et par conséquent empêche le sacrifice… « …car s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire » (1 Co 2 : 8). Mais Dieu par amour pour notre salut a caché sa divinité à Satan et a accepté de paraître dans la faiblesse : Il a dormis, a eu faim et a pleuré. Il a eu mal et a prié, …. Par ce moyen, Il a éloigné Satan de son plan qu’il souhaitait accomplir, et l’a poussé à attendre la crucifixion du Seigneur, qui nous a donné le salut.
Lorsque l’âme humaine du Seigneur – comme toutes les âmes en ce temps, même celles des justes - est allée aux enfers, Satan a cru qu’il a vaincu le Christ et qu’il s’en est débarrassé pour toujours. Il a essayé de s’en emparer, mais la divinité du Christ était toujours unie à cette âme, tout comme elle était unie au corps qui était dans le tombeau. Satan a été battu et son emprise sur les personnes mortes sur l’espérance en Dieu a été levée. Le Christ les a accompagnées en vainqueur vers le paradis de la joie.
C’est pourquoi, l’église chante : « Ô toutes les puissances célestes, chantez pour notre Dieu sur des aires de louange … le Seigneur est ressuscité d’entre les morts … et a conquis l’enfer … » (le chant de Pâques).
L’emprise de Satan s’est terminée ainsi et le Seigneur l’a vu : « tomber du ciel comme l’éclair » (Lc 10 : 18), et par le signe de la croix, tout acte de sorcellerie est annulé (Saint Athanase : L’incarnation du Verbe, 31 : 2).

Le troisième fruit de la croix est :

  1. La vie éternelle :

La mort a été anéantie par la mort de notre Seigneur pour nous. Elle n’a plus de pouvoir sur nous… « Car pour Tes serviteurs, il n’est pas de mort mais un passage » (Oraison pour les défunts). La sentence qui devait s’appliquer à nous, le Seigneur l’a levée par sa mort à notre place … et la pourriture  qui a affecté notre nature pour l’abîmer , Il nous a donné le moyen de le supprimer, à travers : le baptême (dans lequel, nous mourons, nous ressuscitons et nous nous sommes renouvelés par l’Esprit Saint), le saint Chrême ( l’Esprit de Dieu habite en nous et nous sommes consacrés comme des autels sacrés pour Lui) et la communion (nous demeurons en Lui et Lui en nous) … « Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17 : 3).
Il y a une jolie citation de saint Athanase l’apostolique : « Le sauveur a vaincu la mort, l’a humiliée sur la croix et lui a lié les mains et les pieds. Tous ceux qui sont en Christ, l’ont également vaincue, et s’en moquent en témoignant au Christ en répétant ce qui a été dit : « Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton aiguillon ? » (1 Co 15 :55 ; Os 13 : 14) (Chapitre 27 paragraphe 4).
« Qui est celui qui voit des enfants en train de jouer avec un lion sans réaliser que soit celui-ci est mort soit qu’il a perdu toutes ses forces ?! De même, si ceux qui croient en Christ se moquent de la mort et la méprisent (en accueillant le martyr avec joie), il ne faut plus douter que le Christ a annulé la mort, l’a détruite et a arrêté ses effets néfastes (chapitre 29 paragraphes 5 et 6).
Ceux-ci sont certains des plus importants fruits de la sainte croix : un paradis ouvert, un diable écroulé, une éternité joyeuse, … Est-ce ce que nous vivons actuellement à chaque fois que nous faisons le signe de la croix, que nous assistons aux prières de la semaine sainte ou que nous jeûnons le mercredi et le vendredi … espérons que c’est le cas.

 

La force de la résurrection

 

Parmi les nombreux magnifiques sermons de Saint Athanase sur la résurrection du Christ, nous rapportons ici certains points de son livre « L’incarnation du Verbe ». Il dit :
+ Qui, par sa mort, a jamais chassé les démons ?
+ Qui, par sa force, a terrifié les démons comme lors de la mort du Christ ? Car là où se trouve le nom du sauveur, le démon est chassé.
+ Qui a sauvé les hommes de leurs convoitises et faiblesses naturelles, de sorte que les « pécheurs » sont devenus des « chastes », les assassins ne portent plus l’épée et les craintifs et les peureux sont devenus courageux ?!

En bref …
+ Qui a convaincu les hommes dans les pays sauvages, et les idolâtres dans les différents endroits, d’abandonner leur folie et d’œuvrer pour la paix, si ce n’est la foi en Christ et le signe de la croix ?
+ Qui, enfin, a confirmé aux hommes la vérité de l’éternité, tel que l’a faite la croix du Christ et la résurrection de son corps ?
Bien que les grecs ont inventé beaucoup de légendes, ils n’ont pas prétendu que leurs idoles ressusciteront, car ils n’ont jamais imaginé qu’après la mort, le corps puisse exister de nouveau. Là, nous ne pouvons qu’accepter leur témoignage, car ils présentent une preuve de faiblesse de leur adoration des idoles, alors qu’ils avouent la puissance au Christ, afin qu’Il soit reconnut par tous comme fils de Dieu  (Chapitre 50, paragraphes 4, 5 et 6).

De là nous savons :
+ Que la résurrection du Christ nous a confirmé sa divinité, car Il est le seul à être ressuscité par soi-même, sans une aide externe, à l’inverse de ceux qui ont été ressuscité avant lui ou après lui. Ceux-là ont été ressuscités par la prière d’autres personnes et par une force divine qui leur est externe. Le Seigneur lui, s’est ressuscité lui-même par la force de sa divinité, unie à son humanité (son corps), qui était dans le tombeau.
De même que le Seigneur est ressuscité avec un corps lumineux, à l’inverse de ceux qui ont été ressuscité avant ou après lui. Ceux-là sont ressuscités avec leur corps de faiblesse, leur corps épais, susceptible de tomber malade, de tomber dans le péché ou de mourir. Le Seigneur est ressuscité avec un corps lumineux, capable de rentrer alors que les portes sont fermées, ce corps dont la gloire laissait les disciples perplexes.
Finalement, le Seigneur est le seul à être monté aux cieux avec son corps glorifié. Il est entré au Saint des Saints avec son corps lumineux comme notre précurseur. Il était le premier des « morts ». Personne ne l’a précédé ni ne lui succèdera, sauf lors de la résurrection générale lorsque nous changerons et que nous aurons également un corps lumineux.

 

La résurrection et le repentir :

Les paroles de saint Athanase nous font ressentir la force de la résurrection dans le repentir des pécheurs. Les hommes ont quitté l’idolâtrie et ont renoncé à plein de péchés, nombreux en ces temps.
La première résurrection est celle du repentir  «Eveille-toi, toi qui dors, Lève-toi d’entre les morts, et sur toi le Christ resplendira » (Eph 5 : 14). « L’heure vient, et maintenant elle est là, où les morts (par le péché) entendront la voix du Fils de Dieu et ceux qu’ils l’auront entendu vivront » (Jn 5 : 25)
Puisqu’il y a la première mort (la mort du corps) et la deuxième mort (la mort du jugement), il y a aussi la première résurrection (le repentir) et la deuxième résurrection (la résurrection finale) (voir Ap 21 : 8).
« Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection (le repentir). Sur eux la seconde mort n’a pas d’emprise : ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et régneront avec lui pendant les mille ans » (Ap 20 : 6).
Nous avons commencé le règne millénaire depuis que « le Seigneur a régné sur du bois» et il est devenu en vérité « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 19 : 16). Nous vivons désormais pour lui en tant que Roi, et nous nous soumettons à lui comme chef de notre salut.

 

L’éternité :

C’est un nouveau fruit de la résurrection. Puisque le Seigneur a vaincu la mort par sa mort et sa résurrection, il nous reste la force de sa résurrection et la possibilité de vivre éternellement avec lui. Saint Athanase dit : « Si la mort a été anéantie … c’est par son corps qu’Il l’a écrasée et anéantie. Si le Christ a tué la mort, Il ne pouvait que ressusciter son corps et le montrer comme preuve de victoire sur la mort » (chapitre 30 : 20).
+ Si le Sauveur effectue actuellement des œuvres magnifiques parmi les hommes, et tous les jours, par des moyens invisibles convint des foules innombrables de tous les coins … des foules qui obéissent à son enseignement … existe-t-il un doute que le sauveur a accompli la résurrection, ou que le Christ est vivant, ou plutôt qu’Il est lui-même la vie (Chapitre 30 : 3).
+ « Vous, vous me verrez vivant et vous vivrez vous aussi » (Jn 14 : 19).
+ « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (Jn 11 : 25).

 

Ceci est notre foi :

La résurrection a prouvé :
+ la divinité du Christ …
+ la vérité du corps lumineux …
+ la force du repentir …
+ ainsi que la possibilité de la vie éternelle …

Que notre  joie soit grande par le Christ ressuscité …
Vivons la force de sa résurrection tous les jours …

A Lui toute gloire !